Temporalités trans, perturbations autistiques. Échapper aux pièges narratifs du temps.

        

         Cet article part de l’observation que les expériences autistes et transgenres ont des schémas temporels significatifs qui se ressemblent et dans lesquels la narration est cruciale. Alors que l’autisme et la transidentité sont deux formes d’existence fortement médicalisées, il n’existe aucun marqueur biologique qui distingue les esprits autistes des esprits allistes (non autistes) ou les esprits transgenres des esprits cis. En effet, l’autisme comme la transidentité peuvent être compris comme des « conditions narratives »[1], dans le sens où c’est en les racontant au fil du temps qu’on les fait exister, tant par soi-même que par les autres. L’autisme et la transidentité étant décrits comme deux « épidémies » en progression, une temporalité de l’urgence affecte désormais les sujets autistes aussi bien que les sujets trans. Ces dernières années, les personnes à la croisée de ces deux catégories — autistes et trans — en sont venues à susciter un maximum de crispations[2]. Dans cet article, je m’appuie sur les récits de vie d’auteur‧ices autistes, trans et autistes-trans pour examiner les potentiels temporels de leurs narrations.

         Au cours de la dernière décennie, des découvertes scientifiques selon lesquelles les enfants autistes sont plus susceptibles de présenter des variances de genre[3] et inversement[4] sont venues corroborer l’idée d’un recoupement autiste-trans, qui n’était jusqu’alors connu qu’au sein de la communauté. La recherche scientifique persiste à s’intéresser aux problématiques mortifères liées à l’étiologie — concernant le pourquoi [whyness][5] du croisement autiste-trans sur le plan neurologique — qui suggèrent que l’autisme et la transidentité sont deux troubles concomitants[6] ou encore que la variance de genre serait un comportement obsessionnel compulsif autiste[7]. Il est inutile de préciser que ces théories passent complètement à côté du caractère queer de la neurologie autiste[8]. Pourtant, alors que le regard scientifique — ou ce que Julia Miele Rodas appelle « le doigt clinique tendu » [9] — se porte complètement ailleurs, nous retrouvons dans les récits de vie autistes-trans le potentiel électrique d’un déploiement en temps réel de la neuroqueerité.

         Comme tout récit, ceux des personnes autistes, trans et autistes-trans gardent bon espoir de trouver un ordre et un sens au chaos de la vie. S’inspirant de la théorisation des temporalités queer d’Elizabeth Freeman[10], Kadji Amin souligne qu’historiquement, les récits trans ont été une affaire chrononormative[11]. Diachroniques et linéaires, les récits trans autobiographiques ont cherché, sans relâche, à intégrer les désordres de la vie à un récit cohérent. Dans ses premiers travaux sur les récits trans, Jay Prosser soutenait que les personnes transsexuelles du vingtième siècle étaient attirées par l’autobiographie précisément pour cette raison — elles y trouvaient un foyer narratif, un ancrage qui les empêchait de se perdre dans le monde[12]. Cependant, Amin souligne que si la linéarité rétrospective peut être salvatrice pour certaines personnes, elle se fait au détriment d’autres, qui n’ont pas la cohérence nécessaire pour se construire une telle histoire[13]. Ainsi, dans la vie trans, amplifier le non-chrononormatif peut être une façon de rendre justice.

         Dans Trap Door, Reina Gossett, Eric A. Stanley et Joanna Burton soulignent que de nombreuses portes s’ouvrent actuellement pour les vies trans — visibilité, reconnaissance, citoyenneté — mais que ces portes sont aussi des pièges [traps] qui exigent des sujets trans qu’ils s’orientent vers le capital et les priorités nationales — la productivité, la richesse et l’accumulation — en échange de l’appartenance sociale[14]. Sur la liste des coûts liés à cette recherche de l’appartenance sociale, l’exigence de normativité pourrait être réinterprétée comme une incitation à la validité mentale [able-mindedness]. Pour les sujets trans, cette exigence est essentielle pour obtenir la citoyenneté : on peut être autorisé‧e à avoir un « mauvais » corps à condition qu’il soit habité par un « bon » esprit[15]. Afin de contribuer au bon fonctionnement de la société, un bon fonctionnement personnel est alors requis. Néanmoins, quand Gossett, Stanley et Burton écrivent que les portes qui s’ouvrent actuellement pour les personnes trans sont des pièges, iels précisent qu’il existe aussi des « trappes » [trap doors[16]] à travers lesquelles une autre vie devient possible, à travers lesquelles nous pourrions nous échapper. Je suggère ici que dans les récits de vie autistes-trans, il existe une trappe[17] qui nous emmène vers ce qu’Alison Kafer appelle un « autre part [elsewhere] ou un autre temps [elsewhen]»[18].

         En m’appuyant sur ce concept de trappe, j’utilise les travaux sur la théorie crip et le temps crip, les études critiques de l’autisme, les études trans et les temporalités queers pour soutenir que les récits autistes-trans « interviennent dans les temporalités du présent »[19]. En me penchant sur des récits de vie, des essais et des mémoires autistes-trans et non binaires, je soutiens que les histoires autistes-trans génèrent leurs propres temporalités en brouillant les structures narratives [narratemes] de la transidentité de trois façons différentes : (1) en affirmant que l’autisme et la non-conformité de genre s’incluent mutuellement[20], (2) en mettant l’accent sur une vie sensorielle alternative et (3) en mettant un terme à l’injonction à aller mieux. Je soutiens que criper la temporalité trans par la perturbation autistique offre une voie d’évasion, une façon d’échapper aux nouveaux pièges de l’identité trans et une manière d’insister sur ce que Rodas appelle l’« intégrité autiste »[21] et ce que Remi Yergeau[22] appelle « la survivance autiste »[23].

Remarque sur le positionnement et la méthode

         Yergeau écrit que des personnes non autistes sont souvent considérées comme des acteurs de l’autisme [autism-somethings] — par exemple chercheur‧euses en autisme, expert‧es en autisme, parents d’autistes[24]. Dans ce contexte, il est important de préciser que je ne suis pas un acteur de l’autisme [autism-anything] et que je ne suis qu’un universitaire trans alliste qui s’intéresse à la temporalité autiste-trans dans le cadre de ses recherches sur les futurs pensables des jeunes personnes trans[25]. Pour minimiser mon influence alliste, je cite en priorité des auteur‧ices autistes et m’en remets à leur perspicacité. Bien que je ne définisse pas l’autisme et que je ne me prononce pas sur ce que Yergeau appelle sa « quiddité » [whatness][26], je noterai que cette quiddité est contestée et que je ne cherche pas à avoir le dernier mot. Suivant le dicton de la communauté autiste selon lequel « si vous avez rencontré une personne autiste, vous avez rencontré une personne autiste »[27], je vise à éviter la généralisation et à m’inspirer plutôt des spécificités qui apparaissent dans les récits autistes. Conformément aux demandes de la communauté, je rejette l’expression « personne avec autisme » au profit d’une formulation identity-first, celle de « personne autiste », un choix qui signale l’une des nombreuses façons dont la vie autiste s’inscrit dans un réagencement temporel des choses.

Le(s) piège(s) de la temporalité trans

         Susan Stryker, Paisley Currah et Lisa J. Moore invitent leurs lecteur‧ices à reconnaître que le terme trans situe les corps dans le temps et dans l’espace et proposent trans-, avec un trait d’union, pour représenter l’idée du potentiel, de la possibilité, du changement et d’un avenir inconnu[28]. Cependant, le caractère ouvert de trans- ne doit pas nous conduire à imaginer que les récits trans engendrent toujours de l’inattendu. Certains des premiers textes en études trans ont noté que la structure temporelle de l’autobiographie transsexuelle du vingtième siècle était une boucle de rétroaction en lien avec les attentes cliniques[29] et qu’ainsi les clinicien‧nes elleux-mêmes pouvaient être considéré‧es comme les « auteur‧ices principaux‧ales »[30] de ces récits[31]. Plus récemment, Jessica Robyn Cadwallader et Amin ont suggéré que les récits trans préservent la temporalité chrononormative en reproduisant le sujet statique et stable de la médecine[32] — une exigence qui persiste dans le contexte clinique où l’on attend des jeunes personnes trans qu’elles soient « insistantes, persévérantes et constantes » dans leurs identités[33]. Si la constance peut effectivement décrire la façon dont une personne trans particulière considère son propre genre, et si Amin nous rappelle que chrononormatif n’est pas synonyme de mauvais[34], il est indéniable que l’authenticité trans est largement soumise à la régulation temporelle.

         Selon Amin, l’augmentation exponentielle récente de la transidentité comme phénomène d’actualité est réellement spectaculaire[35]. Bien que l’année 2014 ait été déclarée « point de bascule transgenre » [Transgender Tipping Point] par le magazine Time[36], les activistes et les chercheureuses continuent de se demander dans quoi nous avons basculé exactement. Gossett, Stanley et Burton suggèrent qu’il s’agit d’un piège, dans lequel nous nous retrouvons à consentir et même à approuver avec enthousiasme les projets néolibéraux et normatifs de l’État[37]. Alors que la transidentité est désignée comme « la prochaine étape des droits civils » [38], Jasbir Puar souligne que ce renvoi à une téléologie du progrès implique que des injustices de longue date ont été réparées, ce qui manifestement n’a pas eu lieu[39]. La violence antitrans documentée a augmenté et non diminué au cours de cette ère progressiste, et dans les années qui ont suivi l’alerte lancée par Laverne Cox, qui qualifiait la violence contre les femmes trans noires d’« épidémie »[40], les taux de meurtres ont doublé au lieu de diminuer[41]. L’attaque législative actuelle contre la jeunesse trans, avec un nombre stupéfiant de projets de loi transphobes déposés et en attente aux États-Unis d’Amérique, montre que nous n’avons pas basculé dans une époque plus heureuse. Les récits de progrès provenant de l’intérieur et de l’extérieur de la communauté continuent cependant de l’affirmer.

         Certain‧es considèrent que la dépathologisation (incomplète) de la transidentité ferait partie du point de bascule. Des changements clés ont ouvert la porte à une position sociale des personnes trans qui soit, comme le dit un article au sujet des enfants trans, « enfin normale »[42]  : le remplacement du diagnostic de « trouble de l’identité de genre » par celui (un peu) moins pathologisant de « dysphorie de genre » dans la cinquième révision du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5)[43], la déclaration des principales organisations de santé selon laquelle la transidentité est désormais une « question de diversité et non de pathologie »[44] ou encore l’augmentation du soutien de la communauté médicale envers la jeunesse trans[45]. Et pourtant, le fait qu’une personne trans puisse désormais être considérée comme mentalement valide [able-minded] doit également être compris comme un moyen de prendre ses distances vis-à-vis des personnes handicapées et mentalement suspectes[46]. En outre, cette normalité nouvelle se double d’une attente à ce que nous adoptions un rôle de membres productifs de la société. Alors que la transition était autrefois découragée au motif qu’elle constituerait un handicap dans un corps productif[47], l’accès à la transition est maintenant préconisé afin d’accroître la capacité future de la jeunesse trans à générer des revenus[48]. Un mouvement rapide vers cet avenir transnormatif peut être l’objectif de certain‧es, mais ce n’est pas nécessairement ce qui se produit en réalité, et une temporalité du retard sature la littérature sur la temporalité trans, y compris dans le contexte d’une attente de reconnaissance législative du genre[49] ou de soins d’affirmation de genre[50]. Ces retards imposés, entre autres, peuvent malheureusement inciter les communautés trans à se réjouir de toutes formes de reconnaissance sociale — y compris les plus suspectes — et, en outre, à désavouer notre relation avec celleux qui sont jugé‧es « lent‧es » ou « en retard » — celleux considéré‧es comme un obstacle au progrès et à la citoyenneté chrononormative productive.

La temporalité autiste

         Actuellement, la recherche sur l’autisme se focalise sur une relation prétendument anormale à la temporalité et certain‧es proposent une théorie explicative de l’autisme centré sur un « déficit temporel »[51]. Pourtant, même avant ces recherches, l’idée d’un caractère supposément inadapté du tempo autiste imprégnait les premières évaluations des enfants autistes, jugé‧es répétitif‧ves et ritualistes[52], et s’étendait même au régime de traitement médical répandu qu’est l’analyse appliquée du comportement (ABA), dans lequel la répétition autiste est paradoxalement traitée par la répétition de tâches à un rythme pouvant atteindre les quarante heures par semaine. En tant qu’objets de ces théories, les auteurices autistes racontent des enfances dans lesquelles iels n’avaient pas la permission de goûter à leur propre joie, leurs jouets préférés étant remplacés s’ils étaient trop souvent utilisés et trop appréciés[53]. Heureusement, comme nous le rappelle Tito Rajarshi Mukhopadhyay dans ses mémoires d’une salle de classe en « éduc’ spécialisée », nous pouvons espérer voir advenir la fin des méthodes comportementalistes, car « toute approche éducative a une durée de vie limitée »[54]

         Notamment, les « symptômes » qui composent actuellement le diagnostic d’autisme dans le DSM-5 se réfèrent principalement à des infractions temporelles. Le critère A inclut de prétendus échecs de réciprocité relatifs à la durée du contact visuel ou à la présence d’une « conversation bidirectionnelle normale »[55], tandis que le critère B concerne la fixité d’intérêts « anormaux en intensité ou en focalisation », ainsi que la « répétition », l’« immuabilité » [sameness], l’« inflexibilité » et l’« adhésion à des routines ou à des schémas ritualisés »[56]. Néanmoins, Laura Kate Dale met en évidence un critère qui précède toujours le diagnostic, mais pourtant non répertorié : être devenu‧e une perturbation pour les autres[57]. De plus, la temporalité de la perturbation elle-même semble être racialisée, comme l’indique notamment Reynard, un homme autiste-trans racisé, dans l’entretien de Noah Adams et Bridget Liang lorsqu’il rapporte que son comportement est interprété comme « agressif et bruyant » uniquement dans les espaces blancs[58].

         Dans l’industrie de l’autisme (à ne pas confondre avec l’autoreprésentation autiste), les clinicien‧nes, les chercheur‧euses et les parents se lancent dans la course vers un futur sans autisme[59]. Dans les « campagnes pour la guérison » menées par Autism Speaks et d’autres organisations caritatives similaires, le sujet autiste est un enfant éternel : alors même que son avenir est aisément instrumentalisé sur un plan politique, on le suppose fort opportunément incapable de s’exprimer publiquement à ce sujet. De même, les partisan‧es du mouvement antivax, qui insistent à tort sur le fait que les vaccins causent l’autisme, ont tellement peur d’un avenir autiste qu’iels font resurgir des maladies du passé comme la rougeole. Les campagnes de communication consacrées à l’autisme dépeignent généralement ce dernier comme un symbole de mort sociale, comme dans une campagne de 2007 du Child Study Center de l’université de New York, qui présentait une demande de rançon rédigée par l’autisme en personne : « Nous avons votre fils. Nous ferons en sorte qu’il ne soit plus capable de s’occuper de lui-même ou d’interagir socialement tant qu’il vivra »[60]. La mort métaphorique à laquelle font allusion les mémoires de parents, prétendant avoir guéri ou « triomphé de » la « vie avec autisme »[61], résonne de manière inquiétante avec les taux bien réels de meurtres parentaux d’enfants autistes, ce que McGuire appelle la poursuite de la « vie sans autisme »[62].

         Contrairement à la « violence curative »[63] de l’industrie de l’autisme, l’écriture de vie des auteurices autistes s’intéresse à la violence qui peut s’abattre sur celleux qui sont « en décalage avec la marche de la vie »[64]. En effet, en dépit de la préoccupation diagnostique concernant l’intensité et la répétition autiste, cette dernière fait face à des sanctions tout aussi intenses et répétitives : Sparrow écrit que l’expérience la plus constante au cours de sa vie a été le harcèlement[65], tandis que Dale écrit que l’exclusion par ses pair‧es l’a forcée à grandir avant l’heure[66]. Bien qu’iel ait été confronté‧e à des théories révoltantes sur le retard de développement, Sparrow explique vivre sa vie comme les « canaris dans une mine de charbon » [67] — soit le contraire d’être à la traine, à savoir être toujours en première ligne et affronter le monde sans protection.

         De même, la pratique du camouflage [masking] — le fait de se présenter stratégiquement comme non autiste étant donné le coût élevé lié au fait d’être identifié‧e comme autiste — a son propre ensemble de temporalités. Dale décrit l’utilisation d’organigrammes de programmation complexes pour prédire les répétitions des conversations sociales et répéter les réponses à l’avance[68]. En effet, le concept de communication — le flux bidirectionnel du temps social — est une source primaire de pouvoir neurotypique sur les manières d’être autistes. L’incapacité prétendue des personnes autistes à observer le temps social « naturel » se retrouve perpétuellement en tête des listes de symptômes diagnostiques et se voit sans aucun doute reflétée dans le taux de chômage des personnes autistes, qui s’élève à 85 %[69]. Comme l’a écrit Freeman, l’incarnation des normes et du statut de sujet [selfhood]est une question de timing — ce genre de temporalité qui « semble naturelle » à celleux qu’elle privilégie[70].

         La temporalité neurotypique est supposée être non seulement naturelle, mais aussi productive. Dans un chapitre incisif sur l’autisme et le temps, McGuire écrit que, dans des textes allant des messages de défense de l’autisme imprimés sur les tasses Starbucks à l’introduction par l’ONU d’une Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, le corps autiste est présenté comme ayant un développement trop lent et donc comme étant une menace pour la croissance économique de la famille et de la nation[71]. La résolution de l’ONU de 2008 affirme sans équivoque que les taux élevés d’autisme constituent un problème de développement dans les deux sens du terme, y compris les « défis de développement pour les soins de santé à long terme, l’éducation, la formation et les programmes d’intervention » dans les secteurs public et privé[72]. Reflétant l’incitation chrononormative à organiser les corps pour une « productivité maximale »[73], l’industrie de l’autisme présente ce dernier comme un obstacle à la capacité de la famille à générer du capital et donc de la valeur sociale. En tant qu’objectif unique de nombreuses organisations caritatives centrées sur l’autisme, la guérison est recherchée sans relâche afin d’empêcher l’autisme d’affaiblir l’économie.

         Contrairement à un développement focalisé sur un mouvement de progrès efficace, les écrits des personnes autistes elles-mêmes sont souvent hantés par le désir d’un passé alternatif dans lequel on aurait pu avoir connaissance de son autisme des décennies plus tôt. L’auteurice autiste non binaire Jennifer Lee Rossman raconte l’histoire d’un enfant qui traverse une déchirure dans le temps pour retrouver le mentor autiste non binaire qui n’a jamais existé[74], tandis que Rowan Nichol écrit que le diagnostic a été pour lui une forme de libération, comme s’il avait enfin trouvé « les pages manquantes du manuel d’instruction »[75]. La libération qu’apporte le diagnostic n’intervient pas toujours chez les personnes autistes noires et les autres personnes autistes racisées pour qui la vie peut être abrégée par la pauvreté, la violence, la criminalisation et l’enfermement carcéral[76]. En effet, le thérapeute autiste-trans Finn Gratton note que la probabilité de subir la violence policière augmente pour les personnes autistes racisées lorsque leurs mouvements corporels sont perçus comme impulsifs[77]. Gratton suggère que l’un des problèmes majeurs des personnes autistes est le traumatisme — et plus encore pour les personnes autistes racisées — lequel est parfois défini comme une temporalité qui excède ce que le corps/l’esprit peut absorber : le traumatisme comme « trop, trop vite »[78]. Laura Kurchak écrit, à la veille de son anniversaire, que le traumatisme et le stress autistiques entraînent une durée de vie moyenne qui correspond précisément à son âge : trente-six ans[79]. En outre, l’hypervigilance autiste peut conduire à des problèmes de santé chroniques précoces, à l’image du « voyage dans le temps » crip d’Ellen Samuels[80], dans lequel des affections courantes à un âge avancé sont ressenties à l’adolescence : Jordan écrit ainsi que son « premier ulcère de stress lui a été diagnostiqué à l’âge de 12 ans »[81].

         Malgré ce « paysage pathologique »[82], la possibilité de célébrer les temporalités autistes irradie des écrits autistes sur la passion dévorante d’un intérêt, le plaisir concentré d’un stim, la joie incontrôlable d’un battement [flap] ou d’un tournoiement[83]. Laura Kate Dale écrit que le plaisir du stim réside dans la prévisibilité de la sensation et insiste sur le fait qu’il n’y a pas d’équivalent neurotypique à sa joie exponentielle[84] : le stim dû au sentiment de joie excessive, qui est alors la cause de plus en plus de joie — le stim comme perturbation queer du temps et de l’espace, selon Yergeau[85]. Steacy Easton[86] fait remarquer le plaisir autiste de la catégorisation, du tri et de l’établissement de listes[87], tandis que Julia Miele Rodas qualifie le « ricochet » de l’écholalie de rien moins que poétique[88]. Ralph Savarese souligne la précision de la concentration autiste, suggérant que la pratique littéraire de la lecture rapprochée [close-reading] pourrait en fait être appelée « lecture autiste »[89], tandis que Sparrow signale la joie du temps suspendu représentée par cette concentration — il s’agit, en termes économiques, d’une temporalité non productive — en demandant : « Avez-vous déjà passé la moitié de la journée perdu‧e dans la beauté du mouvement de l’eau ? »[90]. Un récent glossaire en langue maorie représente l’autisme par le mot Takiwātanga, qui se traduit par « Mon/son propre espace et temps »[91]. Refusant la temporalité du traitement médical — la temporalité de l’« aller mieux » — l’éditrice autiste Julia Bascom affirme simplement que : « Nous allons bien »[92]. Tandis que les premier‧es autobiographes autistes comme Temple Grandin célébraient leur « sortie » de [emergence out of]l’autisme[93], d’autres, comme Dawn Prince-Hughes, ont plutôt raconté leur entrée dans [emergence into]l’autisme — dans sa « beauté »[94].

La temporalité autiste-trans : brouiller les tropes narratifs de la transidentité

         Si toutes les personnes trans (ou autistes-trans) ne désirent pas une transition médicale, nombreuses sont celles qui le souhaitent, et alors la narration devient un élément essentiel pour y parvenir. Jay Prosser écrit sur la nécessité de se raconter pendant l’évaluation clinique : « Il n’y a probablement jamais eu autant d’enjeux dans l’autobiographie orale […]. Racontez l’histoire de manière convaincante et vous obtiendrez probablement vos hormones et votre chirurgie ; trompez-vous, répétez-vous, désordonnez, omettez, faites des digressions, et ce sera la fin »[95]. Freeman commente le statut ontologique des récits médicaux, écrivant que dans des domaines tels que la psychiatrie et la médecine, « avoir une vie implique la capacité de la raconter »[96]. Dans cette dernière section, je soutiens que les récits autistes-trans perturbent l’échafaudage des tropes narratifs de la transidentité de trois façons : en insistant sur le fait que l’autisme et la variance de genre sont « mutuellement inclusifs »[97], en mettant en avant des « sensorialités » alternatives[98], et en interrompant l’avenir mentalement valide et l’injonction à aller mieux. De cette manière, les récits autistes-trans nous offrent une échappatoire possible.

         Historiquement, la projection d’un avenir lugubre a été la clé de la gestion clinique des vies autistes et des vies non conformes de genre. Dans les deux cas, l’anxiété liée à un avenir jugé préoccupant nourrit les projections cliniques vers le passé, précipitant parfois une course violente vers la guérison, ce qu’Eunjung Kim appelle le « temps plié »[99] et ce qu’Alison Kafer décrit comme le signe d’une « absence d’avenir »[100]. En effet, les absences d’avenir [nonfutures] autistes et trans se sont autrefois télescopées dans un même espace-temps violent : le département de psychologie de l’UCLA des années 1970, où la thérapie de conversion pour guérir les « garçons féminins » et l’analyse appliquée du comportement (ABA) pour modifier les enfants autistes ont été développées en même temps par les mêmes clinicien‧nes[101]. Néanmoins, malgré les tentatives cliniques de faire disparaître les formes de vie autistes et trans, il semblerait que les deux apparaissent en plus grand nombre et, de manière encore plus significative, qu’ils apparaissent ensemble[102].

         La relation précise entre l’autisme et la variance de genre suscite un grand désarroi dans le monde médical. Dès le début, la recherche sur l’autisme a été saturée de questions de genre, Leo Kanner affirmant que les « mères réfrigérateurs » causaient l’autisme en échouant à performer une féminité [womanhood]émotive, et Hans Asperger déclarant dès 1944 que l’autisme était une « variante extrême de l’intelligence masculine »[103]. Cependant, les personnes à la fois autistes et trans n’ont pas suscité d’intérêt clinique avant les années 1990, lorsqu’un certain nombre d’études de cas ont suggéré que la diversité de genre était le résultat d’un fonctionnement autistique défectueux[104]. L’autisme est aujourd’hui un sujet à part entière dans le domaine de la santé trans, avec sa littérature propre, mais cette littérature recommande d’adopter une position sceptique. Les clinicien‧nes-chercheur‧euses De Vries et al. se montrent alors hésitant‧es lorsque de jeunes autistes cherchent à effectuer une transition, car iels pourraient ne pas avoir une « véritable identité transgenre » et pourraient se sentir « tout simplement différent‧es »[105]. Le médecin Jack Turban se demande si le dédoublement autiste-trans n’est pas surestimé et si le « déficit social » autistique ne serait pas en réalité une manifestation du rejet auquel sont confronté‧es les jeunes transgenres[106] : il y a donc de l’« espoir » qu’ils puissent développer une « santé mentale normative »[107]. Ces affirmations cliniques — que les jeunes autistes pourraient ne pas être réellement trans[108], que les jeunes trans pourraient ne pas être réellement autistes[109], que l’identité trans est « véritable », mais que l’autisme conduit à se sentir « tout simplement différent‧e »[110] et que les autistes sont en perpétuel « déficit », mais qu’il y a de l’« espoir » pour les jeunes trans de devenir « normatif‧ves »[111] — sont des affirmations qui s’appuient sur une dissociation de la vie autiste et de la vie trans. Malgré l’espoir que l’avenir trans puisse laisser l’autisme derrière lui, les récits autistes-trans contrecarrent cet objectif.

La non-conformité de genre et l’autisme comme « mutuellement inclusifs »

         Contrairement à ces récits cliniques, les personnes trans et non binaires autistes affirment l’union de leurs identités neurologiques et de genre : comme le résume endever* corbin, « [m]on genre est autiste »[112]. Toutes les personnes autistes-trans ne sont pas de cet avis[113], mais lorsque la cinéaste Rachel Miller commence son court-métrage documentaire The Autistic Ways of Gender en demandant aux personnes autistes interrogées s’il existe un lien entre l’autisme et l’identité de genre, les réponses sont alors unanimes  : « absolument », « ouais tout à fait », « oui »[114]. En insistant sur le lien entre l’autisme et le genre, les narrations autistes-trans problématisent l’injonction faite aux personnes trans de s’incorporer dans un avenir sans handicap mental.

         Dans leur étude auprès de femmes autistes, Kourti et MacLeod ont constaté que la majorité d’entre elles ne s’identifient pas du tout à un genre et que, pour certaines, leurs intérêts topiques autistes (ou, comme Easton les appelle, leurs « passions ») sont plus significatifs : « Je n’ai pas l’impression d’appartenir à un genre », indique l’une des participantes[115]. Inversant la temporalité de l’identité selon laquelle le genre d’une personne resterait constant alors que ses intérêts changeraient au fil du temps, une autre participante autiste déclare : « La seule identité constante qui traverse ma vie, c’est “danseuse” »[116]. endever* corbin propose le terme fascinagenres [fascigenders] pour décrire des genres qui se concentrent sur les intérêts autistes — des genres qu’ul [xe]décrit comme spécifiques aux personnes autistes en relation avec leurs fascinations, y compris de multiples genres auxquels ul s’identifie personnellement : neutrois, stargenre, dryagenre, fascinaboy-flux, contrabinaire, et autpunk[117]. Les auteurices autistes-trans offrent des manières idiosyncratiques de raconter la nature « inséparable »[118] ou « mutuellement inclusive »[119] de la neurodivergence et de la divergence de genre. Alyssa Hillary écrit : « Soit l’autisme occupe la place que la plupart des gens attribuent à leur genre, soit l’autisme est mon genre, et je ne suis pas sûre qu’il ne s’agisse pas là de deux façons différentes de dire la même chose »[120]. V. Mike Roberts écrit  : « Mon autisme et ma transitude interagissent non pas à cause d’un lien théorique entre eux, comme l’accélérateur d’une voiture, mais parce qu’ils ne font qu’un. Ils sont tous les deux moi, comme un nom de pièce et un numéro de pièce, ils décrivent le même objet »[121].

         En outre, l’écriture autiste-trans et queer signale souvent une désidentification par rapport au genre — le genre comme un signifiant vide. Mel Baggs, militanx et blogueureuxe autiste aujourd’hui décédæ, s’identifiait comme n’ayant pas de genre [genderless] : « Je n’ai aucune identité de genre »[122]. Lydia X. Z. Brown utilise le terme de genre vague, spécifique à l’autisme, et indique que le genre a peu de signification intrinsèque pour de nombreuses personnes autistes et qu’il les affecte principalement lorsqu’il est projeté sur elles[123]. Si l’incapacité à comprendre pleinement l’expérience déconcertante du genre est possiblement universelle, les auteurices autistes-trans se distinguent par le fait qu’iels admettent volontiers leur non-maîtrise. Adams et Liang écrivent à propos de leur entretien avec Tristan, un homme autiste-trans : « Le genre est intrinsèquement confus pour lui »[124]. Brown écrit : « Pour de nombreuses personnes autistes (mais certainement pas toutes), nous ne pouvons pas faire la différence entre l’hypothèse répandue selon laquelle tout le monde se range proprement dans les catégories d’hommes et de femmes et les caractéristiques absurdes attendues ou supposées de la féminité et de la masculinité »[125]. Comme l’a écrit Jack Halberstam, l’échec peut toutefois offrir ses propres satisfactions, dont la plus évidente est la « fuite »[126]. En échouant à faire le genre correctement et en affirmant au contraire que l’autisme et le genre sont « la même chose »[127], ces récits contrecarrent le bienfait social supposé de la dépathologisation trans et insistent pour que le handicap ait sa place dans l’avenir.

La transition et le soi sensoriel

         Un thème clé de l’histoire trans chrononormative est la libération ou l’épanouissement rendu possible lorsqu’une identité de genre intérieure est enfin exprimée extérieurement — la transition sociale. Il s’agit d’une description exacte de la vie de nombreuses personnes trans – souvenez-vous du rappel d’Amin selon lequel chrononormatif n’est pas synonyme de mauvais[128]. Cependant, d’autres relations peuvent être observées dans les récits des personnes autistes-trans. Dans un discours prononcé lors d’une conférence britannique sur l’autisme et le genre en 2018, Maurice Frank raconte sa propre expérience autiste de l’école à travers le prisme des protections publiques actuelles (malheureusement insuffisantes) pour les enfants trans, déclarant que si un soutien avait existé à son époque pour que les enfants trans puissent s’habiller comme iels le souhaitaient (ce qui a peut-être plus d’importance dans la culture de l’uniforme scolaire britannique), il pense qu’il se serait (re)présentée[129] comme une fille trans afin de porter une jupe au lieu du pantalon d’uniforme des garçons et d’éviter la rudesse des sports masculins : « La révolution trans à l’école suscite un désir ardent et la reconnaissance instantanée que mes problèmes sensoriels auraient pu être résolus et que mes besoins en matière d’habillement auraient pu trouver une réponse »[130].

         Frank ne s’identifie pas comme trans lors de cette présentation et note en fait que son récit est « un récit cis qui fait une intersection avec le trans »[131] ; pourtant, d’autres récits autistes-trans font écho à cette « sensorialité »[132]. Le titre des mémoires de Laura Kate Dale, écrivaine autiste-trans, Uncomfortable Labels, fait office de commentaire double sur l’étiquetage social et sur le supplice, ordinaire chez les personnes autistes, des étiquettes de vêtements qui frottent sur la peau[133]. Malgré les attentes, y compris celles des professionnel‧les qui président à l’accès aux technologies de transition, la transition sociale (du moins au début) peut provoquer plutôt que soulager la détresse des personnes autistes-trans en raison d’un assaut d’informations sensorielles. Dale écrit que, malgré son désir de s’épiler, sa peau ne supportait pas le rasage. Si le maquillage facilitait ses mouvements quotidiens, la texture était insupportable et le simple fait de la tolérer pouvait accaparer les ressources mentales de la journée. Les tissus qui battent au vent, les fibres qui grattent, les coutures qui piquent et les bretelles qui glissent sur épaules créent tous des troubles tactiles imprévisibles dans la prise d’informations de Dale. Lorsque Kafer commente la façon dont l’écrivaine et activiste handicapée Harriet McBryde Johnson planifie ses gardes de soins auxiliaires — chaque repas, boisson et visite aux toilettes — elle remarque que la vie de McBryde exige qu’elle projette son corps « en tant que corps » dans l’avenir[134]. Pour Dale, la planification de ses journées autour de sa propre sensorialité, la nécessité d’être codée comme femme tout en restant concentrée mentalement, et la recherche de vêtements de compression et sans couture ou de bijoux pour stimer d’une manière socialement acceptée traduisent le besoin de se projeter dans l’avenir avant tout comme un être sensoriel. Cette narration diverge du récit de transition plus commun qui retrace l’enthousiasme temporel d’une transition présentée comme une seconde adolescence.

         Mon propos n’est pas de suggérer que les personnes autistes-trans ne bénéficient pas de la transition. Si elles la désirent, elles en bénéficieront certainement. Cependant, le rythme de leurs récits peut indiquer des priorités temporelles et sensorielles moins connues, qui s’écartent et perturbent la temporalité chrononormative trans, tout en menaçant leur accès à certaines formes de soins bien gardées [gatekept]. Lorsque le psychiatre Parkinson raconte qu’il a refusé pendant des années l’accès à l’œstrogène à des patientes transféminines autistes, il décrit l’une d’entre elles comme « un homme mal rasé » qui ne fait que « peu d’efforts pour se maquiller »[135]. Parkinson développe : « Il [sic] plaidait désespérément pour des hormones féminines, mais je lui rappelais fermement les Normes de soins transgenres indiquant qu’il [sic] devait d’abord vivre trois mois à temps plein dans le rôle du sexe “cible” »[136]. Avec une narration et une sensorialité en décalage par rapport à la norme temporelle trans, ces individus ont été bloqués dans leur transition jusqu’à ce que, comme l’a fièrement raconté Parkinson, ils abandonnent. Cliff, homme autiste-trans, écrit : « C’est peut-être parce que je suis autiste. J’aime porter des vêtements qui me conviennent pour des questions sensorielles, même s’ils ne paraissent pas toujours bien aux yeux des autres »[137]. Bien que les « questions sensorielles » fassent également partie des récits trans neurotypiques, elles sont rarement nommées comme telles et, comme l’écrivent Jackson-Perry et al., il y a des enjeux politiques à l’œuvre qui concernent les réalités sensorielles perçues comme intelligibles et celles qui ne le sont pas[138]. N’étant pas pressés d’opérer une transition sociale et évaluant plutôt l’incarnation du genre par rapport à d’autres sensations, ces récits perturbent la temporalité classique de la transition, qui consiste à chercher à aller mieux.

Perturber le futur mentalement valide

         Dans les récits trans chrononormatifs, la transition représente une marche sur l’escalator de la fin heureuse, la trajectoire que C. Riley Snorton et Jin Haritaworn décrivent dans leur critique de la blanchité et de la transnormativité comme « coming out/transition, visibilité, reconnaissance, protection et réalisation de soi »[139]. L’itération clinique de cette séquence m’a un jour été décrite par un psychologue pour enfants travaillant avec de jeunes personnes trans comme « évaluation, diagnostic, traitement de soutien, personne heureuse »[140]. Comme je l’ai souligné, un plus grand soutien social à la transition s’accompagne d’une attente que les corps trans commencent à « fonctionner », et ce terme parsème la littérature sur la santé trans. Dans un article de huit pages sur les jeunes personnes trans et leur « santé », le mot « fonctionnement » apparaît trente fois[141] et dans un autre, trente-cinq fois[142]. Il n’est pas de mon ressort d’historiciser correctement le terme de fonctionnement, mais pour la communauté autiste, il s’agit encore d’un terme central aux efforts violents de normalisation visant à séparer les autistes dits de haut et bas niveau de fonctionnement et à faire pression en faveur d’un traitement comportemental coercitif. Si l’histoire de la médecine trans est marquée par la pathologie et la pitié, le trouble [disorder] et le désespoir, c’est moins souvent le cas aujourd’hui. Nous pourrions interpréter l’interdiction de la thérapie de conversion dans certaines juridictions comme un signe que les personnes trans ont désormais un avenir, en quelque sorte. Pourtant, il est révélateur que l’ABA, parfois décrite comme la « thérapie de conversion pour les personnes autistes », reste la norme en matière de « traitement » de l’autisme dans de nombreux domaines[143].

         Lorsque la psychologue Diane Ehrensaft écrit sur les « enfants arc-en-ciel à double hélice » — c’est-à-dire les jeunes qui sont à la fois autistes et trans — elle évoque une jeune personne autiste-trans ayant reçu des soins transaffirmatifs et qui est ensuite revenue épater les clinicien‧nes : « L’équipe clinique a été stupéfaite de découvrir un enfant qui entrait à grandes enjambées dans la clinique, a serré la main de l’équipe, a établi un contact visuel et a commencé à parler avec des phrases complètes, bien que tronquées »[144]. Ehrensaft s’interroge : « Le genre pourrait-il être un facteur d’atténuation des facteurs de stress de l’autisme ? »[145]. Que la réponse s’avère positive pour certain‧es, soit. Cependant, les auteur‧ices autistes nous rappellent qu’être ou paraître normal‧e [normate]n’est pas une preuve de santé, et que la pratique du camouflage [masking] — qui consiste à jouer la neurotypie à des fins d’avantage ou de survie — est un indicateur non pas du bien-être, mais de la nécessité de « cartographier les relations de pouvoir » auxquelles on est confronté‧e[146]. En outre, nous savons désormais que les temporalités autistes incluent un passage contre-développemental du contact visuel à l’absence de contact visuel et de la parole à l’absence de parole, lequel constitue un indicateur de bien-être et non de maladie. Lorsque le médecin Jack Turban nourrit « l’espoir » que, si elles sont acceptées, certaines jeunes personnes autistes-trans pourraient se révéler « normatives »[147] (c’est-à-dire non autistes), il mise sur le fait que les futurs trans seront physiquement et mentalement valides [able-bodied and able-minded]. En effet, dans la période dans laquelle nous avons basculé, le terme de « pari financier » peut être approprié pour décrire le type d’investissement dans l’employabilité trans, la « capacité à générer des revenus »[148] et l’économie de l’avenir trans, surtout juxtaposé à un autisme « à contre-temps »[149] qui, comme le note McGuire, est si mal adapté à ces temps néolibéraux.

         Adams et Liang rapportent que, lorsque Moose, un enfant autiste-trans, a effectué sa transition, ses « symptômes » autistiques ont augmenté au lieu de diminuer[150]. Après sa transition, Moose s’est mis à se balancer et à stimer davantage et à faire de l’écholalie, tout en ayant davantage confiance en lui et en étant moins enclin à cacher son statut trans ou autiste : « Bien que sa transition lui ait fait perdre la capacité de cacher ses symptômes autistiques, il a gagné la capacité de vivre sans honte »[151]. À l’issue de cet accomplissement personnel, Moose semble plus handicapé et non moins, ce qui va à l’encontre d’un récit chrononormatif. Alors que Prosser soutient que le récit est la « seconde peau » d’une personne trans[152], l’écrivaine autiste Dawn Prince-Hughes écrit dans ses mémoires qu’être autiste, c’est « simplement être humain, mais sans la peau »[153]. Bien que l’absence d’un récit attendu puisse limiter les opportunités de vie des personnes autistes-trans et diminuer leur capacité à apparaître lisibles, cette différence permet également de contourner le piège de la transnormativité et de se diriger, selon les termes de Kafer, vers des « mondes désirablement handicapés »[154].

Pour terminer : échapper au piège

         Dans l’introduction de son texte Feminist, Queer, Crip, Alison Kafer déclare : « J’ai écrit ce livre parce que je désire des avenirs crip »[155]. Si le désir de Kafer n’est pas encore largement partagé, le désir d’avenirs trans s’est développé de manière exponentielle. Cependant, comme le soulignent Gossett, Stanley et Burton, nombre de ces avenirs sont des pièges, dissimulant une injonction à endosser des priorités normatives et néolibérales en échange d’une appartenance à la société[156]. J’ai soutenu que certains de ces pièges pourraient être défaits par la perturbation autistique — par les récits de celleux qui, par choix ou par circonstance, défient l’imposition chrononormative d’un futur mentalement valide. Je soutiens qu’en revendiquant l’autisme et le genre comme « mutuellement inclusifs »[157], en mettant en avant des réalités sensorielles alternatives et en interrompant l’incitation à aller mieux, criper la temporalité trans par la perturbation autistique offre une voie de sortie, une façon d’éviter les nouveaux pièges de la vie trans normée, et un moyen pour la vie autiste de mettre en œuvre, encore et toujours, des « tics queers vers des futurs queers »[158].


[1] John Duffy et Rebecca Dorner, « The Pathos of ‘Mindblindness’: Autism, Science, and Sadness in ‘Theory of Mind’ Narratives », Journal of Literary and Cultural Disability Studies, 2011, vol. 5, n° 2, p. 201–216.

[2] Voir Susan Bradley, « How Trans Activists Are Unethically Influencing Autistic Children to Change Genders », National Post, 12 janvier 2017. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[3] John F. Strang et al., « Increased Gender Variance in Autism Spectrum Disorders and Attention Deficit Hyperactivity Disorder », Archives of Sexual Behaviour, 2014,vol. 43, no 8, p. 1525–1533.

[4] Annelou De Vries et al., « Autism Spectrum Disorders in Gender Dysphoric Children and Adolescents », Journal of Autism and Developmental Disorders, 2010, vol.40, p. 930–936.

[5] Yergeau utilise l’expression de quiddité (whatness) de l’autisme dans Remi Yergeau, Authoring Autism. On Rhetoric And Neurological Queerness. Durham (États-Unis d’Amérique), Duke University Press, 2018, p. 9.

[6] Nahit M. Mukaddes, « Gender Identity Problems in Autistic Children », Child: Care, Health, and Development, 2002, vol.28, no 6, p. 529–532.

[7] Mikael Landen et Peder Rasmussen, « Gender Identity Disorder in a Girl with Autism – A Case Report », European Child and Adolescent Psychiatry, 1997, vol.63, p. 170–173.

[8] Remi M. Yergeau, Authoring Autism, op. cit.

[9] Julia Miele Rodas, Because the Butterfly: Autistic Disturbances of Language and Rhetoric, vidéo, CUNY School of Professional Studies, 1 octobre 2018. Cliquer ici pour accéder à la vidéo sur YouTube.

[10] Elizabeth Freeman, Time Binds. Queer Temporalities, Queer Histories, Durham (États-Unis d’Amérique), Duke University Press, 2010.

[11] Kadji Amin, « Temporality », Transgender Studies Quarterly, 2014, vol.1, no 1–2, p. 219–222.

[12] Jay Prosser, Second Skins. The Body Narratives of Transsexuality,New York, Columbia University Press, 1998.

[13] Kadji Amin, « Temporality », loc. Cit.

[14] Reina Gossett, Eric Stanley et Joanna Burton, Trap Door. Trans Cultural Production and the Politics of Visibility, Cambridge (États-Unis d’Amérique), MIT Press, 2017.

[15] Annalise Ophelian, Diagnosing Difference, film, Floating Ophelia Productions, 2011.

[16] Dans le livre de Gossett, Stanley et Burton, Trap Doors, la trappe [trap door] ne constitue pas une porte d’entrée ou de sortie, mais évoque plutôt la trappe dans le plancher de la scène théâtrale par laquelle les personnages apparaissent ou disparaissent comme par magie — un passage secret qui conduit autre part. La formulation « narrative trap doors » est inspirée du concept de « narrative traps » en critique littéraire, qui renvoie aux « pièges narratifs », à savoir l’idée selon laquelle « faire ce qui est attendu de nous nous rend moins heureux·ses que si nous décidions d’aller à l’encontre du récit dominant ». Il y a ainsi une richesse et une complexité dans le choix terminologiques de Pyne, avec le jeu sémantique entre le piège (trap) et notamment le piège narratif (narrative trap), la porte (door), et la trappe du théâtre qui permet d’atteindre l’elsewhen and elsewhere (la trap door) [NDLT].

[17] Bien que Gossett, Stanley et Burton (2017) se concentrent sur la culture visuelle, j’applique ce terme à la représentation narrative.

[18] Alison Kafer, Feminist, Queer, Crip, Bloomington, Indiana University Press, 2003, p. 3.

[19] Kadji Amin, « Trans and Now », Discours d’ouverture prononcé lors du colloque « Trans Temporality », Université de Toronto, 1er avril 2016.

[20] Gil Goletski, « Bodies with Purpose: An Exploration of the Intersection of Autistic and Transgender Coding in Star Trek », in Maxfield Sparrow (dir.), Spectrums. Autistic Trans People in Their Own Words, Londres, Jessica Kingsley Press, 2020, p. 37.

[21] Julia Miele Rodas, « “On the Spectrum”: Rereading Contact and Affect in Jane Eyre », Nineteenth Century Gender Studies, 2008, vol.4, n° 2. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[22] Remi Yergeau publiait autrefois sous le nom de Melanie Yergeau.

[23] Remi Yergeau, Authoring Autism, op. cit., p. 28. « Survivance » est un mot-clé des études natives américaines qui indique, outre la survie, une insistance sur la présence et un rejet de la tragédie. Voir Gerald Vizener, Manifest Manners. Narratives on Postindian Survivance, Lincoln (États-Unis d’Amérique), Bison Books, 1999.

[24] Remi Yergeau, Authoring Autism, op. cit., p. 2.

[25] Jake Pyne, « Arresting Ashley X: Trans Youth, Puberty Blockers, and the Question of Whether Time Is on Your Side », Somatechnics, 2017, vol.7, no 1, p. 95–123.

[26] Remi Yergeau, Authoring Autism, op. cit., p. 9.

[27] Finn Gratton, Supporting Transgender and Autistic Youth and Adults. A Guide for Professionals and Families, Londres, Jessica Kingsley Press, 2019, p. 11.

[28] Susan Stryker, Paisley Currah et Lisa Jean Moore, « Trans-, Trans or Transgender? », Women’s Studies Quarterly, 2008, vol.36, no 3–4, p. 11–22.

[29] Voir Sandy Stone, « The Empire Strikes Back: A Posttranssexual Manifesto », in Kristina Straub et Julia Epstein (dir.), Body Guards. The Cultural Politics of Sexual Ambiguity, New York, Routledge, 1991, p. 280–304 ; et Jay Prosser, Second Skins, op. cit.

[30] Jay Prosser, Second Skins, op. cit., p. 108.

[31] L’ouvrage de 1991 de Stone a été publié avant l’apparition du terme « transgender studies ».

[32] Voir Kadji Amin, « Temporality », loc. cit., et Jessica Robyn Cadwallader, « Trans Forming Time », Social Text Online, 10 juillet 2014. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[33] Marco A. Hidalgo et al., « The Gender Affirmative Model: What We Know and What We Aim to Learn », Human Development, 2013, vol.56, p. 286.

[34] Kadji Amin, « Temporality », loc. cit

[35] Kadji Amin, « Trans and Now », loc. cit.

[36] Katy Steinmetz, « The Transgender Tipping Point », Time Magazine, 29 mai 2014. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[37] Reina Gossett, Eric Stanley et Joanna Burton, Trap Door, op. cit.

[38] Katy Steinmetz, « The Transgender Tipping Point », loc. cit.

[39] Jasbir K. Puar, The Right to Maim. Debility, Capacity, Disability,Durham (Etats-Unis d’Amérique), Duke University Press, 2017.

[40] Democracy NOW, « “Black Trans Bodies Are Under Attack”: Freed Activist Cece McDonald, Actress Laverne Cox Speak Out », 19 février 2014. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[41] Human Rights Campaign, « A Time to Act: Fatal Violence against Trans People in America », 2017. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[42] Lila Shapiro, « “Finally Normal”: How a New Medical Landscape Is Changing Life for Trans Youth », Huffington Post, 18 mars 2015. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[43] APA (American Psychiatric Association), Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5édition, Washington (États-Unis d’Amérique), American Psychiatric Association, 2013.

[44] Coleman et al., titre inconnu, 2011, p. 4. [NDLT : la référence est manquante dans le texte original].

[45] American Academy of Pediatrics, « Letter from the President: Pediatricians Should Not Be Transgender Children’s First Bully », 8 août 2016. Cliquer ici pour accéder à la lettre ouverte.

[46] Lydia X. Brown, « Gendervague: At the Intersection of Autistic and Trans Experiences », Asperger Autism Network, 22 juin 2016. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[47] Dan Irving, « Normalized Transgressions: Legitimizing the Transsexual Body as Productive », in Aren Z. Aizura et Susan Stryer (dir.), The Transgender Studies Reader 2, New York, Routledge, 2013, p. 15–29.

[48] Trans Active, « Puberty Blocking and Hormone Therapy for Transgender Adolescents », TransActiveOnline.org (consulté le 16 novembre 2020).

[49] Emily Grabham, « Transgender Temporalities and the UK Gender Recognition Act », in Ben Davies et Jana Funke (dir.), Sex, Gender, and Time in Fiction and Culture, New York, Palgrave Macmillan, 2011, p. 154–169.

[50] Voir Jessica Robyn Cadwallader, « Trans Forming Time », loc. cit. ; V. Pitts-Taylor, « “A Slow and Unrewarding and Miserable Pause in Your Life”: Waiting in Medicalized Gender Transition », Health, 2019, vol.24, no 6, p. 646–664 ; et Jake Pyne, « Arresting Ashley X », loc. cit.

[51] Voir Melissa J. Allman et Christine Falter, « Abnormal Timing and Time Perception in Autism Spectrum Disorder? A Review of the Evidence », in Agiro Vatakis et Melissa J. Allman (dir.), Time Distortions in Mind. Temporal Processing in Clinical Populations, Leiden, Brill, 2015, p. 37–56.

[52] Leo Kanner, « Autistic Disturbances of Affective Contact », Nervous Child, 1943, vol.2, p. 217–250. Dans Because the Butterfly,Julia Miele Rodas souligne qu’avec ses listes « répétitives » et « ritualisées », le DSM constitue l’exemple de langage autiste par excellence.

[53] Joelle Smith, « My Body », in Maxfield Sparrow (dir.), Spectrums, op. cit, p. 20–27.

[54] Tito Rajarshi Mukhopadhyay, Plankton Dreams. What I Learned in Special-Ed, Londres, Open Humanities Press, 2015, p. 7.

[55] APA, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, op. cit.

[56] Ibid.

[57] Laura Kate Dale, Uncomfortable Labels. My Life as a Gay Autistic Trans Woman, Londres, Jessica Kingsley Press, 2019.

[58] Noah Adams et Bridget Liang, Trans and Autistic. Stories from Life at the Intersection, Londres, Jessica Kingsley Press, 2020, p. 119.

[59] Anne McGuire, War on Autism. On the Cultural Logic of Normative Violence,Ann Arbor, University of Michigan Press, 2016.

[60] Joseph F. Kras, « The ‘Ransom Notes’ Affair: When the Neurodiversity Movement Came of Age », Disability Studies Quarterly, 2010, vol.30, n° 1. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[61] Catherine Maurice, Let Me Hear Your Voice. A Family’s Triumph over Autism, New York, Fawcett, 1993.

[62] Anne McGuire, War on Autism, op. cit., p. 194.

[63] Eunjung Kim, Curative Violence. Rehabilitating Disability, Gender, and Sexuality in Modern Korea,Durham (États-Unis d’Amérique), Duke University Press, 2017.

[64] Maxfield Sparrow [Sparrow Rose Jones], No You Don’t. Essays from an Unstrange Mind,Unstrange Publications, 2013, p. 148.

[65] Maxfield Sparrow, No You Don’t, op. cit.

[66] Laura Kate Dale, Uncomfortable Labels, op. cit.

[67] Maxfield Sparrow, No You Don’t, op. cit., p. 99. L’expression renvoie aux canaris utilisés par les mineurs au 19siècle, tués les premiers par les gaz toxiques, qui faisaient alors office de signaux d’alerte pour l’évacuation [NDLT].

[68] Laura Kate Dale, Uncomfortable Labels, op. cit.

[69] Marcia Eckerd, « Eighty-Five Percent Autistic Unemployment Rate Is Unacceptable: How to Help », PsychCentral, 16 mars 2020. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[70] Elizabeth Freeman, Time Binds, op. cit., p. 3.

[71] Anne McGuire, War on Autism, op. cit.

[72] Assemblée générale de l’ONU, soixante-seizième séance plénière, Déclaration pour la journée mondiale de l’autisme, 2008, paragraphe 5.

[73] Elizabeth Freeman, Time Binds, op. cit., p. 3.

[74] Jennifer Lee Rossman, « The Doll in the Ripped Universe », in B. Allen, Dora M. Raymaker et N. I. Nicholson (dir.), Spoonknife 4. A Neurodivergent Guide to Spacetime, Fort Worth (États-Unis d’Amérique), Neuroqueer Press [Autonomous Press], 2019, p. 3–9.

[75] Heather Rowan Nichol, « Meetings and Partings », in Maxfield Sparrow (dir.), Spectrums, op. cit, p. 113.

[76] Lydia X. Brown, E. Ashkenazy et M. G. Onaiwu, All the Weight of Our Dreams. On Living Racialized Autism. Lincoln (États-Unis d’Amérique), DragonBee Press, 2017.

[77] Finn Gratton, Supporting Transgender and Autistic Youth and Adults, op. cit.

[78] Trauma Recovery Scotland, « Definition of Trauma », date inconnue, consulté le 16 novembre 2020. Cliquer ici pour accéder au site internet.

[79] Laura Kurchak, « I’m Autistic. I Just Turned Thirty-Six – the Average Age When People like Me Die », Vox, 19 février 2018.

[80] Ellen Samuels, « Six Ways of Looking at Crip Time », Disability Studies Quarterly, 2017, vol.37, no 3. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[81] Jordan, « A Transtistic Evolution », in Maxfield Sparrow (dir.), Spectrums, op. cit., p. 156.

[82] Voir Remi Yergeau, Authoring Autism, op. cit.

[83] Le stim fait référence aux mouvements corporels d’autostimulation couramment utilisés par les personnes autistes.

[84] Voir Laura Kate Dale, Uncomfortable Labels, op. cit.

[85] Voir Remi Yergeau, Authoring Autism, op. cit.

[86]  Steacy Easton publiait autrefois sous le nom d’Anthony Easton.

[87] Steacy [Anthony] Easton, « Autism: An Anecdotal Abecedarium », Kadar Koli, 2013, vol.8, p. 98–107.

[88] Julia Miele Rodas, Autistic Disturbances. Theorizing Autism Poetics from the “DSM” to “Robinson Crusoe”,Ann Arbor, University of Michigan Press, 2018.

[89] Ralph Savarese, See It Feelingly: Classic Novels, Autistic Readers, and the Schooling of a No-Good English Professor. Durham (États-Unis d’Amérique), Duke University Press, 2018, p. 38.

[90] Maxfield Sparrow, No You Don’t, op. cit., p. 40.

[91] Na Keri Opai, « Te Reo Hapai : The Language of Enrichment », Te Pou o te Whakaaro Nui, 2017. Cliquer ici pour accéder au texte. [NDLT : le lien partagé par l’auteur n’est plus accesible].

[92] Julia Bascom. « Préface », in Autistic Self Advocacy Network (dir.), Loud Hands. Autistic People, Speaking, Washington (États-Unis d’Amérique), Autistic Self Advocacy Network, 2017, p. 10.

[93] Temple Grandin et Margaret Scariano, Emergence. Labelled Autistic,New York, Grand Central, 1996.

[94] Dawn Prince-Hughes, Songs of the Gorilla Nation. My Journey through Autism, New York, Three River Press, 2004, p. 1.

[95] Jay Prosser, Second Skins, op. cit., p. 108.

[96] Elizabeth Freeman, Time Binds, op. cit., p. 5.

[97] Gil Goletski, « Bodies with Purpose », loc. cit.,p. 37.

[98] David Jackson-Perry et al., « Sensory Strangers: Travels in Normate Sensory Worlds », in Hanna Bertilsdotter Rosqvist, Nick Chown et Anna Stenning (dir.), Neurodiversity Studies. A New Critical Paradigm, Londres, Routledge, 2020, p. 125–40.

[99] Eunjung Kim, Curative Violence, op. cit.

[100] Alison Kafer, Feminist, Queer, Crip, op. cit.

[101] Margaret Gibson et Patty Douglas, « Disturbing Behaviours: Ole Ivar Lovaas and the Queer History of Autism Science », Catalyst: Feminism, Theory, Technoscience, 2018, vol.4, no 2, p. 1–28 ; et Jake Pyne, « “Building a Person”: Legal and Clinical Personhood for Autistic and Trans Children in Ontario », Canadian Journal of Law and Society, 2020, vol.35, no 2, p. 341–365.

[102] Bryony White, « The Link between Autism and Trans Identity », Atlantic, 15 novembre 2016. Cliquer ici pour accéder à l’article.

[103] Uta Frith, « Asperger and His Syndrome », in Uta Frith (dir.), Autism and Asperger’s Syndrome, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 84.

[104] Voir Mikael Landen et Peder Rasmussen, « Gender Identity Disorder in a Girl with Autism – A Case Report », loc. cit. ; et Nahit M. Mukaddes, « Gender Identity Problems in Autistic Children », loc. cit.

[105] Annelou L. De Vries et al., « Puberty Suppression in Adolescents with Gender Identity Disorder: A Prospective Follow-up Study », Journal of Sexual Medicine, 2011, vol.8, no 8, p. 2277.

[106] Jack Turban, « Potentially Reversible Social Deficits among Transgender Youth », Journal of Autism and Developmental Disorders, 2018, vol.48, no 12, p. 4008.

[107] Turban (2018) est néanmoins clair sur le fait que les personnes autistes-trans doivent être traitées avec dignité et ne doivent pas être empêchées d’accéder à des soins conformes au genre.

[108] Voir Annelou L. De Vries et al., « Puberty Suppression », loc. cit.

[109] Voir Jack Turban, « Potentially Reversible Social Deficits », loc. cit.

[110] Voir Annelou L. De Vries et al., « Puberty Suppression », loc. cit.

[111] Voir Jack Turban, « Potentially Reversible Social Deficits », loc. cit.

[112] endever corbin, « I’m Trans and Autistic, and Yes for Me, They’re Related », in Maxfield Sparrow (dir.), Spectrums, op. cit., p. 81.

[113] Voir Noah Adams et Bridget Liang, Trans and Autistic, op. cit.

[114] Rachel Miller, The Autistic Ways of Gender, documentaire, Oni Photography, 2018. Cliquer ici pour accéder à la vidéo sur YouTube.

[115] Marianthi Kourti et Andrea MacLeod, « “I Don’t Feel like a Gender, I Feel like Myself” : Autistic Individuals Raised as Girls Exploring Gender Identity », Autism in Adulthood, 2018, vol.1, no 1, p. 4.

[116] Ibid., p. 5.

[117] Voir endever corbin, « I’m Trans and Autistic », loc. cit.

[118] Voir Lydia Brown, « Gendervague », loc. cit

[119] Voir Gil Goletski, « Bodies with Purpose », loc. cit., p. 37. 

[120] Alyssa Hillary, « Alyssa Hillary », sans date, consulté le 16 novembre 2019. Cliquer ici pour accéder à la page.

[121] V. Mike Roberts, « Remember the Time », in Maxfield Sparrow (dir.), Spectrums, op. cit., p. 178–179.

[122] Mel Baggs, « Language Preferences: Genderlessness », Cussin’ and Discussin’, 16 septembre 2018. Cliquer ici pour accéder à la page.

[123] Voir Lydia X. Z. Brown, « Gendervague », loc. cit

[124] Noah Adams et Bridget Liang, Trans and Autistic, op. cit., p. 134.

[125] Lydia X. Brown, « Gendervague », loc. cit.

[126] Jack Halberstam, The Art of Queer Failure, Durham (États-Unis d’Amérique), Duke University Press, 2011, p. 3.

[127] V. Mike Roberts, « Remember the Time », loc. cit., p. 179. 

[128] Kadji Amin, « Temporality », loc. cit

[129] Frank souhaite être appelée « Imogen » et « elle » lorsqu’il s’agit d’évoquer son hypothétique expérience de petite fille trans.

[130] Maurice Frank, « On Sensory Issues Colliding with Gendered School Dress Rules, Including the Lived Pain and Present Issues for Those of Us in the Generations Who Missed Having Any Gender Rights at School », Communication donnée lors du colloque « Intimate Lives? Autism, Gender, Sex/uality and Identity », Université de Birmingham, Royaume-Uni, 2018. Cliquer ici pour accéder à la retransmission vidéo.

[131] Il s’agit là d’un commentaire personnel de Maurice Frank en date du 12 novembre 2020.

[132] Voir Daniel Jackson-Perry et al., « Sensory Strangers », loc. cit.

[133] Voir Laura Kate Dale, Uncomfortable Labels, op. cit.

[134] Alison Kafer, Feminist, Queer, Crip, op. cit. p. 39.

[135] John Parkinson, « Gender Dysphoria in Asperger’s Syndrome: A Caution », Australasian Psychiatry, 2014, vol.22, n° 1: p. 84.

[136] Ibid. Dans le premier ensemble de lignes directrices internationales sur le traitement des personnes autistes-trans, vingt-deux auteurices clinicien‧nes n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le moment recommandé pour la transition ; certain‧es estimaient que les personnes autistes-trans devaient effectuer une transition sociale avant les étapes médicales, comme c’est généralement le cas, tandis que d’autres estimaient qu’il s’agissait d’une barrière inutile. Voir John F. Strang et al., « Initial Clinical Guidelines for Co-occurring Autism Spectrum Disorder and Gender Dysphoria or Incongruence in Adolescents », Journal of Clinical Child and Adolescent Psychology, 2016, vol.47, no 1, p. 105–111.

[137] Eva A. Mendes et Meredith R. Maroney, Gender Identity, Sexuality, and Autism: Voices from across the Spectrum, Londres, Jessica Kingsley Press, 2019, p. 56.

[138] Voir Daniel Jackson-Perry et al., « Sensory Strangers », loc. cit

[139] C. Riley Snorton et Jin Haritaworn, « Trans Necropolitics: A Transnational Reflection on Violence, Death, and the Trans of Color Afterlife », in Aren Z. Aizura et Susan Stryker (dir.), The Transgender Studies Reader 2, New York, Taylor and Francis, 2013, p. 67.

[140] L’analyse d’une étude précédente menée auprès de clinicien‧nes travaillant avec de jeunes personnes trans se trouve dans Jake Pyne, Thinkable Futures, Permissible Forms of Life: Listening to Talk about Trans Youth and Early Gender Transition, thèse de doctorat, McMaster University, 2018.

[141] Annelou L. De Vries et al., « Young Adult Psychological Outcome », loc. cit.

[142] Y. L. Smith, S. H. van Goozen et P. T. Cohen-Kettenis, « Adolescents with Gender Identity Disorder Who Were Accepted or Rejected for Sex Reassignment Surgery: A Prospective Follow-up Study », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 2001, vol.40, p. 472–81.

[143] Voir Jake Pyne, « “Building a Person” », loc. cit

[144] Diane Ehrensaft, « Double Helix Rainbow Kids », Journal of Autism and Developmental Disorders, 2018, vol.48, p. 4080.

[145] Ibid., p. 4081.

[146] Susan Stryker et Stephen Whittle, The Transgender Studies Reader, New York, Routledge, 2006, p. 58.

[147] Jack Turban, « Potentially Reversible Social Deficits », loc. cit., p. 2. 

[148] Trans Active, « Puberty Blocking », op. cit.

[149] Anne McGuire, War on Autism, op. cit.

[150] Noah Adams et Bridget Liang, Trans and Autistic, op. cit.

[151] Ibid., p. 79.

[152] Jay Prosser, Second Skins, op. cit.

[153] Dawn Prince-Hughes, Circus of Souls. How I Discovered That We Are All Freaks Passing as Normal,CreateSpace, 2013, p. 19.

[154] Alison Kafer, Feminist, Queer, Crip, op. cit., p. 23.

[155] Ibid., p. 45

[156] Reina Gossett, Eric Stanley et Joanna Burton, Trap Door, op. cit.

[157] Gil Goletski, « Bodies with Purpose », loc. cit.

[158] Remi Yergeau, Authoring Autism, op. cit., p. 206.


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Traduit par Ombre Tarragnat qui prépare une thèse de doctorat sur l’intersection entre neurodiversité et animalité. Iel coordonne actuellement un numéro de la revue Feral Feminisms sur les « a/genres, a/sexualités et a/socialités autistes ».

Relecture par Julou Dublé